C’est début septembre que je me rends enfin en Afrique de l’Ouest et plus précisément au Sénégal avec pour objectif d’y rester les 3 mois du visa. Je me suis laissé 1 mois entre mon retour de la Thaïlande et mon départ afin de refaire mon sac et faire la tournée de la famille et des amis. Je pars seulement avec mon billet aller en poche, ne sachant pas encore si je continue dans les pays voisins ou si je rentre pour décembre. Mon arrivée a été retardé par un détour sur le continent asiatique mais je débute enfin mon immersion sur le territoire africain. Effectivement, mon but initial est d’acquérir de l’expérience sur le territoire africain en partageant des connaissances et des techniques autours de la permaculture et de l’agroforesterie. De par mon expérience en Thaïlande, je choisis de me restreindre à 2 fermes afin de pouvoir rester plus longtemps et avoir le temps de mener des projets en collaboration avec elles. Je suis en contact avec 2 fermes dans le nord du Sénégal depuis le mois d’avril. La première ferme, située à quelques kilomètres au sud de Saint Louis, est une parcelle de deux fois 2ha acquise par une particulière sur laquelle elle souhaite produire des fruits et légumes pour la revente. La seconde ferme à l’intérieur des terres à la frontière avec la Mauritanie est un espace culturel et agricole avec chambres d’hôtes et surface de 3ha cultivée dans laquelle j’ai eu pour mission de faire du recensement et de l’identification des espèces d’arbres présentes dans la propriété. 1- Des pastèques à Saint Louis Cette ferme est un projet personnel mené par Aminata. Elle a acquis cette double parcelle, il y a 4ans mais elle commence seulement à vouloir faire de l’agriculture son activité principale. La parcelle se situe à plusieurs kilomètres du lieu d’habitation d’Aminata et nécessite un moyen de transport pour s’y rendre. Aminata ne peut pas s’y rendre tous les jours, ce qui complique le lancement de son activité. Sur une partie de la parcelle divers arbres fruitiers ont été planté. L’année passée, des oignons ont été semés sur l’autre moitié. Plusieurs semaines avant mon arrivée, elle a semé l’ensemble des parcelles avec de la pastèque. La récolte des pastèques coïnciderait avec mon arrivée. Seulement, nous avons été confronté à la réalité terrain souvent imprévisible. Septembre correspond au début de l’hivernage avec les pluies mais il fait encore très chaud. Quelques jours avant mon arrivée, il y a eu des pluies qui ont favorisés l’éclosion des chenilles. Le premier jour de mon arrivée sur les parcelles, je fus accueillie par des terres à nues. Les chenilles avaient tout mangé en l’espace de quelques jours, entre le moment de la dernière visite d’Aminata et son retour. C’est un constat malheureux lorsque l’on sait que la revente des pastèques aujourd’hui disparues constitue une partie du revenu d’une personne. C’est aussi des jours entiers de travail perdus en quelques jours. Pour ma part, j’observais en condition réelle une problématique que j’avais lu et entendu plusieurs fois: la fragilité de la monoculture face aux nuisibles et maladies. Le manque de diversité des cultures favorise l’explosion de nuisibles et maladies mais surtout rend vulnérable l’agriculteur, car son revenu ne dépend que d’une seule source. La priorité d’Aminata a été de remettre en place ses cultures. Nous avons donc passé plusieurs jours à resemer les parcelles en pastèque et à mettre en place une pépinière pour les semis d’oignon. Nous retombons dans la monoculture, mais ceci s’explique par 3 raisons principales:
Aminata devait s’assurer une source de revenu
la difficulté à l’accessibilité à des semences diversifiées
le manque de formation d’ Aminata qui n’est pas du tout du domaine agricole
Après la remise en place de ses cultures, j’ai pu prendre le temps d’échanger avec Aminata concernant ses projets. A terme, elle souhaite faire construire et s’installer sur ses parcelles afin de pouvoir les surveiller tous les jours. Elle souhaite également se diversifier avec l’élevage. Les moyens financiers sont un frein et son projet prendra du temps à se mettre en place, mais je prends le temps de lui partager les valeurs de la permaculture tout en étant consciente de la difficulté à l’accessibilité aux semences, son manque de formation et son besoin de revenu. Un premier conseil que je lui fournis est de mettre en place un potager dès que cela lui sera possible à côté des ses grandes cultures, afin qu’elle puisse assurer une bonne partie voir la totalité de ses besoins en fruits et légumes. Assurer sa subsistance en priorité au revenu.
J’ai passé un mois auprès d’Aminata, et cette expérience m’a permis d’être confrontée à la réalité terrain mais aussi à la réalité des petits agriculteurs. Le manque de moyen est une chose mais la difficulté à l'accessibilité aux semences diversifiées afin de permettre la polyculture et l’indépendance alimentaire des petits agriculteurs ainsi que leur formation est également un point marquant que je garde en tête.
2- Aduna’m
Il y a quelques mois un article a fait le portrait de Johanna et Issa fondateurs de ce projet. Vous pouvez retrouver leur interview ici . Pendant un mois et demi j’ai participé aux diverses activités au sein du centre culturel et agricole Aduna’m. Ce projet familial est mené par Issa et Johanna avec leurs 4 enfants agés de 4 à 12 ans. L’espace comprend l’espace de vie et chambres d’hôtes, un espace ferme avec vaches, poules et chèvres et un espace cultivé de 3ha. Nous étions 2 volontaires. Moi pour la partie agronomie et une autre française pour la partie construction en terre. Nous étions toutes les 2 là pour mener une mission particulière, la mienne étant l’identification et le recensement des arbres sur l’ensemble de la propriété. Cependant en plus de notre mission, nous participions aux divers travaux dans le potager. Il faut savoir que la surface actuelle cultivée est de 3ha sur une surface totale de 40ha. Ce qui n’est pas cultivé est une zone visuellement proche de la savane. De nombreux arbres ont été plantés afin de fournir de l’ombre et l’espace cultivé a été divisé en plusieurs secteurs séparés par des haies. la zone de culture s’étend par petits secteurs par la plantation de haies et d’arbres avant la mise en culture. Même si la région est très chaude et sèche (il faisait plus de 40°C en journée lorsque je suis arrivée fin octobre et je regardait les étoiles filantes en t-shirt le soir en décembre), l’espace Aduna’m a la chance de bénéficier d’une nappe souterraine saine qui permet d’avoir de l’eau toute l’année même par temps de sécheresse. Cette ressource précieuse facilite la mise en place des zones cultivés. L’un des principaux travaux a été la mise en place d’un système de goutte à goutte pour les plantes fourragères: les maralfalfa, d’un côté et agrandir les zones de culture de l’autre côté. La mise en place a nécessité différents travaux: désherbage de la zone, aide à la mise en place du système et mise en place des gaines du goutte à goutte, découpe des boutures de maralfalfa et mise en terre le long des gaines. Ce système va permettre d’économiser l’eau et d’alléger les travaux en arrosage. Dans le potager, d’autres travaux ont été réalisés comme:
la plantation des semis pour la production en légume de l’année 2020 en pleine terre ou en pépinière
le repiquage des patates douces
la gestion de plusieurs secteurs de culture
réalisation du compost pour le terreau de l’année
Grâce à la seconde volontaire qui souhaite se spécialiser dans la fabrication de maison en terre, nous avons réalisé des fours en terre pour la cuisine extérieure, à partir d’un mélange de bouses de vache de la ferme et de terre. De la récolte des matières premières au montage des fours en passant par le mélange, nous avons tout réalisé. J’ai également pu suivre son chantier de fabrication d’un espace sanitaire extérieur en briques de terre comprenant un toilette et une douche. Dans l’espace de vie, nous avons réalisé des petits îlots entre les zones de passage que nous avons planté de fleurs de petits arbres ou de légumes pour embellir l’espace et apporter plus de diversité. Concernant ma mission d’identification et de recensement des arbres, cela s’inscrit dans l’objectif de réaliser un état des lieux et un document qui pourra permettre à Issa et Johanna d’appuyer leurs demandes de projets. Dans cette zones aride, la création de cet espace et la mise en place de l’espace agricole à permis de faire revenir de nombreuses espèces animales. Aduna’m constitue un réel oasis pour la faune et la biodiversité dans ce secteur. Personnellement, cette identification m’a permis d’accroitre mes connaissances mais aussi de m’intéresser à l’aspect utilisation des plantes et des arbres. J’ai en effet proposé à Issa et Johanna, en plus d’identifier les arbres d’en apprendre plus sur leurs utilisations.
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Après Aduna’m, je retourne finalement en France afin de passer les fêtes de fin d’année en famille et entre amis. Durant ces quelques mois au Sénégal, j’ai pu visualiser plusieurs problématiques qui ont fait germer des idées dans mon esprit. Je ressens également le besoin de commencer mon propre projet en plus d’apporter mon aide en tant que bénévole. Et puis je voudrais aussi pousser plus loin le concept d’interview et de rencontres avec les agriculteurs locaux et les porteurs de projets du domaine de l’agriculture durable, ne plus me contenter d’interviews écrits. A ce stade, nous pouvons, voir les choses comme cela: 2019 a été l’année autodidact de formation en tant que bénévole. J’ai énormément appris et j’ai pu commencer à partager des connaissances techniques et théoriques au Sénégal. Mais en 2020, je souhaite en plus de cela faire connaître plus largement aux grands public des porteurs de projets, des initiatives et des techniques sur le territoire africain. Début 2020, j’ai donc passé plusieurs semaines à préparer l’année. Je ne serai plus uniquement bénévole, mais aussi porteuse de projet et reporter...
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Le retour d’expérience dans le journal de bord concernant ma prochaine aventure se fera dans quelques mois. En attendant suivez mes prochaines aventures sur facebook ici .